Où va la RD Congo?


 Apres la première alternance en RD Congo, plusieurs réflexions sont faites dans tous les sens. Selon les camps politiques des vainqueurs ou des vaincus, les analyses vont en sens contraires. S’il faut inscrire la réflexion dans son cadre le plus objectif, il y a lieu de regarder les tendances congolaises depuis 1960. Dans quelques jours la RD Congo va célébrer son indépendance. Et ce qui semble plus intéressant est que l’année prochaine, la RD Congo aura célébré deux générations d’indépendance.
Il est deux tendances qui ont caractérisé la trajectoire de la RD Congo. D’une part, les différents plans congolais ont certaines caractéristiques communes. D’une autre part, l’évaluation des différents plans de développement a souvent été faite avec complaisance.

Politiciens ou hommes d’Etat ?

D’emblée il est remarquable que les politiciens ont occupé une position centrale dans la trajectoire congolaise. Il y a toute une catégorie des congolais qui n’ont connu aucune autre carrière à part la carrière politique. Certains se sont ventés d’avoir sacrifié leur jeunesse pour le pays, comme s’ils détenaient le monopole du sacrifice.
La position centrale des politiciens est confirmée par ceux qui disent qu’en RD Congo les dirigeants sont des hommes politiques et non des hommes d’Etat. Une distinction souvent évoquée entre les deux catégories de personnes est le focus de leur action. Les hommes politiques travaillent toujours en fonction de deux choses : acquérir le pouvoir et le maintenir par tous les moyens. Ils visent donc les prochaines échéances soit électorales soit de négociation, comme l’histoire congolaise nous le rappelle. Ainsi au Congo les différents slogans vides les uns comme les autres ont toujours le vocabulaire populaire.  
En opposé, les hommes d’Etat visent les prochaines générations.  Ils préparent les prochaines générations.

Curieusement, cette différenciation si intéressante faite en 1870 vient d’un théologien et écrivain, James Freeman Clarke. Comme pour Clarke, au Congo les hommes d’Etat sont recherches, en référence aux« oiseaux rares ».
Justement l’analyse des différents plans révèle que nous n’avons que des hommes politiques.  Ainsi les politiciens changent de camps et alliance selon les intérêts passagers pour s’assurer la survie. Et les intellectuels politiciens cautionnent les revirements soudains, compromis et compromissions. Mais qu’en est-il à cet aspect qui fait qu’une nation peut s’évaluer après deux générations ?

Plans et projets

Ici il faut voir les plans sur le moyen et long terme. Quels sont les différents plans que la RD Congo a adoptés ?
Tous les programmes et plans à court terme ont échoué de faire décoller la RD Congo. Telle devrait être la conclusion objective des différents programmes. Qu’il s’agisse du plan Mobutu, des 5 chantiers, de la révolution de la modernité, le constat est le même.  
Il y a eu deux plans de 10 ans : Celui de 1950 et puis l’Objectif 80. Pour le plan 80, il y avait par exemple le projet d’industrialiser le pays avec des aciéries et la construction des ports en eaux profondes. Avec le projet de la BAD pour le pont Brazzaville-Kinshasa, la population du Kongo Centrale semble se souvenir qu’il y avait un projet malheureusement qui a échoué depuis bientôt 50 ans. Qui est responsable de l’échec ?
En Février 2016, le gouvernement  présenta enfin un plan à long terme. Le fameux plan national stratégique de développement (PNSD) fut conçu avec le concours de la KOICA (Corée du Sud) et semblait viser l’horizon 2030. A l’époque il était déjà si clair que les congolais étaient incapables de planifier par eux-mêmes quoiqu’il y ait eu quelques optimistes. En Septembre 2016, un autre plan toujours PNSD qui visait l’horizon 2050. Un plan conçu en 5 ans (2011-2016) fut modifié 6 mois après son lancement. 30 mois après, à la veille des élections de 2018, les anciens optimistes se rendirent compte de l’illusion du PNSD. Aussi, aucun candidat majeur aux élections de 2018 n’avait fait référence au PNSD. Tous les candidats présentaient des programmes (plans) dont la durée variait entre 5 ans et 10 ans. Personne ne put présenter un programme au-delà des 2 mandats successifs possibles. Tout était planifié selon les prochaines élections.
On peut dire que le pays n’a pas de plan national de développement sur le long terme. C’était prévisible parce que quand on lit le livre 1 du PNSD on voit que parmi les acteurs lors des discussions, il n’y avait pas d’opposants. Le PNSD passait ainsi comme un plan d’un camp politique. Le PNSD était donc un plan politique. L’idée de manque d’un plan national stratégique est renforcée par le fait qu’il y a un manque des données. Ici je vois d’abord et surtout le recensement de la population. Il n’y a qu’au Congo-Kinshasa qu’on peut prétendre planifier sans connaitre en détails sa population. On n’est d’ailleurs pas surpris que certains coins de la république bénéficient de plus de moyens sans aucune justification en termes de données chiffrées. Ces coins sont juste bénéficiaires parce qu’un de leurs ressortissants est aux affaires. Quelle manière obscure de gérer la république !

L’évaluation des projets

Sur le terrain de l’évaluation rigoureuse et objective des plans et projets, la RD Congo a un grand problème. Souvent on remarque l’évalué, passe pour juge et parti, se donne alors la cote qu’il veut avoir même quand il a échoué lamentablement. On voit alors toute une machine de propagande pour convaincre l’opinion publique que l’échec est aussi synonyme de la réussite. Deux exemples récents peuvent être considérés. D’abord, le projet comme celui de Parc agroindustriel de Bukanga Lonzo n’a jamais été évalué malgré une surmédiatisation sans pareille.
Et récemment, le fameux plan ou à court terme ou programme de 100 jours du nouveau président n'est toujours pas évalué. Le rapport tarde toujours à sortir malgré une médiatisation initiale y relative.
Imaginez juste cet élève qui à la fin de l’année scolaire continue à se vanter d’avoir réussi alors que tous les indicateurs du bulletin sont en rouge. La question de se poser restera : Ou ira cet enfant sachant qu’il étudie pour être efficace dans la prochaine génération ? Ainsi la question fondamentale reste pour les congolais sérieux, soucieux de la grandeur de la RD Congo. La voix de Lumumba résonne encore : « Le Congo est grand, il exige de nous de la grandeur».
La grandeur c’est savoir planifier et surtout évaluer les plans, apprendre de ses échecs, corriger les erreurs et bâtir sur ses réussites. Sans cela, la médiocrité restera au rendez-vous !


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