La RDC a-t-elle un plan national stratégique de développement?
Nous sommes vers fin Février 2016, le plan stratégique
national pour le développement de la RD Congo avait été présenté devant la
presse par le directeur du cabinet du chef de l’Etat. .
Selon le Dircab du chef de l’Etat il s’agissait enfin
d’un plan qui vise « le long terme » pour la RDC. Mais ici une première contradiction apparait. Ce plan ne
vise que l’horizon 2030, soient 14 ans à partir de sa publication. Et à cela
s’ajoute l’erreur que le plan stratégique national a été préparé principalement
par les Sud-Coréens quoique les Congolais aient aussi participé. Le journal des
AS décrivait cette nouvelle par ce titre : « Voici le plan de
Kabila pour l’émergence de la RDC en 2030 ». De ce journal deux éléments
doivent être soulignees : Plan de Kabila et émergence 2030.
A l’époque j’étais surpris que le plan stratégique
national fut élaboré principalement par les Sud-Coréens et une question me
taraudait l’esprit :
Les Congolais ne pouvaient-ils pas eux-mêmes élaborer le
plan stratégique national?
Le choix des Sud-Coréens fut motivé par une
visite du chef de l’Etat en Corée du Sud en 2010. Il avait alors trouvé que la
Corée du Sud constituait un bon modèle pour la RD Congo à cause des exploits
spectaculaires que ce pays a connus dans les derniers 60 ans. Mais en réalité
il y a eu beaucoup de différences entre la RD Congo et la Corée du Sud et déjà en
2016 on pouvait le remarquer.
En 1961, le General Park Chung-hee prit le pouvoir par un
coup d’Etat et il instaura le système de plans quinquennaux qui durèrent de
1962 jusqu’en 1996, soient 35 ans. Cette durée est largement supérieure à la période
d’action nécessaire pour transformer une société. La période d’action soutenue
correspond à une génération (25 ans à 30 ans). Contrairement à la RDC, la Corée
du Sud avait identifié à son époque les
vrais problèmes et elle avait cherché l’implication de tous pour résoudre les
problèmes bien définis. 55 ans après, les Coréens du Sud ont plus qu’atteint ce
qu’ils visaient. Le revenu moyen par habitant a par exemple été multiplié par
360 dans les 55 dernières années, soit plus de 6.5 chaque année. Mais en plus,
ce développement est le résultat du développement de l’homme puis que la Corée
du Sud n’a pas de minerais. Au tout début même, les Coréennes étaient obligées
de vendre leurs cheveux et dans les années 60s et 70s, les perruques coréennes
devinrent le principal produit d’exportation pour le pays. Revenons chez nous.
L’élaboration de notre plan stratégique avait pris plus de 5 ans contre une
année pour celui de la Corée du Sud. Ce plan a 3 parties 1.Politiques et
Stratégies du développement de la RDC 2.
Actions à entreprendre et 3. Conclusion.
Les 3 secteurs phares sont l’industrialisation des
secteurs de base, développement du vaste terrain agricole et amélioration de la
productivité du secteur minier et industriel y relatif.
Les actions à entreprendre visent le
développement industriel, le Développement de l’agriculture et de l’industrie des
produits de la pêche, la bonne Gestion budgétaire, le Développement des
infrastructures, le développement de l’énergie et des ressources naturelles et
le développement des ressources humaines.
Parmi les conditions de réussite figurent le leadership
de vision, la consolidation des fondements de la stabilité politique, la
formation d’un régime de l’administration de développement et des principaux
acteurs du développement, la vérification de l’avancement sur les terrains
concernés par les politiques et établissement d’un système de feedback, la
définition d’un modèle de rôle du développement national, l’Investissement
répondant aux critères de la compétitivité future à l’ère de la mondialisation
et l’engagement au désengagement.
Déjà les conditions démontraient les failles de notre
société. Celui qui incarne ce leadership de vision devrait être permanent tout
au long ou sur la grande durée du plan stratégique. En Corée du sud, par
exemple pour citer notre modèle, Park resta au pouvoir pendant 18 ans après
l’élaboration de leur projet.
En 2016, on écrivait ceci « Sachant
que le changement probable de régime risque de se faire avec des frictions, on
peut aussi émettre des doutes quant à la stabilité politique après 2016. Cela
s’est déjà démontré avec les élections de 2006 et 2011. ». Entre 2016 et
maintenant,
Sur le développement de ressources
humaines, le plan stratégique ne dit pas former l ’homme comme en Corée du Sud.
La formation ne visera que la professionnalisation sans référence sur la loi
cadre de l’enseignement national de 2014. Le contenu des leçons d’histoire biaisée
avec « Diego Cao », le héros du législateur, ne sera pas révisé pour préparer
le jeune Congolais à affronter le monde de demain.
La formation ne visera pas de créer ce Congolais fier de
son pays et capable de participer à la transformation de celui-ci. N’est-ce pas
ici l’occasion de parler de la notion du temps. Le secteur minier prend une
place de choix. En effet, que devient ce pays si les minerais sortent de
l’équation du développement ? Aussi ce plan oublie de considérer l’apport de
l’eau congolaise dans sa géostratégie à moyen terme.
Du point de vie croissance, les conditions de stabilité
sont très capitales. Sinon on risque de voir la croissance qui n’aboutira
jamais au développement. La vraie croissance ne s’étudie que sur une période de
30 ans. Et l’histoire économique de la RDC ne démontre pas une stabilité sur
une si longue période.
Ils n’ont considéré que l’histoire moderne
de la Corée du Sud et ils ont fait abstraction d’autres réalités
géostratégiques importantes. A titre d'illustration, la Corée du Sud a créé sa
première université depuis 1398, elle a sa langue, son écriture propre qui
semble simple avec 26 caractères (en tout cas plus simple que le mandarin ou le
Japonais)...
On observait aussi le 28 Février 2016 que « ce
plan parle aussi des mécanismes de contrôle et de vérification. Sans une
évaluation rigoureuse et objective, ce plan stratégique risque de finir comme
la plupart des projets. L’évalué, juge et parti, se donnera alors la cote qu’il
veut avoir même quand il a échoué lamentablement. Ainsi le long terme de ce
beau pays sera encore compromis….En voulant copier la Corée du Sud, nos
décideurs ont déjà failli en bien des égards. Ainsi le plan stratégique
national est plus prédisposé à échouer qu’à réussir sauf en cas d’un miracle géostratégique….
Et malheureusement pendant ce temps, le long terme est encore hypothéqué ! »
Plus de 30 mois après, l’on semble avoir raison sur l’échec du dit plan. Par exemple, on peut se demander ce qu’est
advenu le volet industrialisation ? Avons-nous une nouvelle industrie
depuis 30 mois ?
Sur le plan agricole, on ne peut pas
oublier que l’essai sur Bukanga Lonzo a été un échec. A-t-on évalué les responsabilités
derrière l’échec ? Non.
Par contre il semble qu’en Septembre 2016
un autre plan fur déjà rendu public. Alors que celui de Février 2016 parlait de
l’horizon 2030
celui de Septembre 2016 parlait de l’horizon 2050. Pourquoi en 6 mois
a-t-on modifié un plan élaboré pendant 5 ans ?
Quand le PSND était rendu public par le dircab
du chef de l’Etat, il y avait des optimistes comme Al Kitenge. Ce dernier était
impressionné par le dit plan. Dans
une émission avec Radio Okapi, il demandait aux auditeurs de s’approprier le
dit plan. La plupart d’auditeurs étaient réticents du plan a cause du volet
politique. La plupart de ces auditeurs ne comprenaient pas que Kabila propose
un plan stratégique au soir de son mandat. Comme au Congo les gens ont une
courte mémoire, Al Kitenge venait de proclamer l’échec du plan stratégique de
2016. Dans l’émission de RFI « Débat Africain » animée par Alain Foka
à partir de Kinshasa fin Septembre 2018, une question fut posée aux participants. « Que
doit faire le prochain président sur le plan économique ? »Al Kitenge
répondit alors que le prochain président doit instaurer un plan stratégique
national parce que le précèdent plan n’était que l’œuvre d’un groupe politique.
La continuité politique fait donc défaut comme on prédisait quand on disait qu’en
Corée du Sud Park avait soutenu son plan pendant 18 ans. Les experts Coréens
doivent soit avoir trompé la partie congolaise car on voit clairement même Al
Kitenge était à côté dans l’analyse. Pourtant Al Kitenge est un chouchou
des medias congolais.
Parmi tous les candidats présidents, aucun
ne s’est référé au plan national stratégique. Ceci démontre que nous avons
juste des hommes politiques qui ne visent que les élections de Décembre
2018.Ils ignorent qu’ils vont hériter de l’actif et du passif de l’Etat. Les
hommes d’Etat qui prépareront 2050 font défaut.
Comment peut-on planifier sans faire de recensement ? Bientôt la RDC fêtera
35 ans sans aucun recensement. Cela peut être un bon début quand on est sérieux
pour préparer le futur. Ceci c'est sans mentionner les déplacés internes qui sont presque 4 millions.
Et JK a été un échec non seulement qu’il n’a
pas pu évaluer tous ses différents projets mais il a échoué de planifier pour
le futur de ce pays. Or ne dit-on pas « Echouer
de planifier c’est planifier d’échouer » ? Par exemple, les 28
mesures économiques urgentes adoptées en Janvier 2016 qui faisaient partie du
PNSD de Février 2018 n’ont jamais été leur objectif. Prenons juste la mesure
qui consistait à lutter sans concession contre la fraude fiscale et douanière. Ou
encore celle relative au recouvrement effectif de l’impôt professionnel sur les
rémunérations (IPR) a charge de tous les membres des institutions
publiques nationales et provinciales. Ou encore la mesure 17 « La création
des trois zones économiques spéciales et l’essaimage des parcs agro-industriels
dans les provinces, l’encadrement des paysans ainsi que la diversification et l’intensification
de la production agricole.😱
Entre temps, que dira son dauphin Shadary à
la population ?
Cet article avait été écrit
d'abord le 28 Février 2016 et sa mise à jour est intervenue 30 mois plus tard...
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