Les assassins financiers ou Economic Hitmen

Titre du livre: "Confessions of an Economic Hitman"-Confessions d’un Assassin financier”
C’est étrange la façon dont le titre en français et en Anglais sont différents, finance et économie étant deux concepts différents.
J'avais déjà entendu parler du livre "Confessions of an Economic Hitman" de John Perkins mais je ne l'avais jamais lu. Après l'avoir lu voici juste quelques commentaires.
Les "Economic Hitmen" (EHM) ou les assassins financiers sont un groupe élitiste d'hommes et femmes pour l'établissement de la corporatocratie, un triplet composé de banques, agences de développement et multinationales. Les EHM accordent des faveurs qui peuvent être sous forme de prêts pour le développement d'infrastructure (centrales hydroélectriques, les autoroutes, les ports, les aéroports ou les parcs industriels.
Une des conditions de ces prêts est que les sociétés de construction et d'ingénierie en charge de ces projets doivent venir des Etats-Unis. En réalité, ainsi, la grande partie de l'argent de prêt ne quitte jamais les Etats-Unis mais il est transféré de banques de Washington vers les sociétés en question à New York, Houston, San Francisco. 
 Le pays récipiendaire ou bénéficiaire des prêts est après obligé de payer le capital plus les intérêts du prêt. La réussite totale d'un EHM dépend du fait que le montant doit être tellement élevé pour que le pays débiteur soit incapable de repayer et forcé à un défaut de paiement juste après quelques années. Quand cela arrive, la corporatocratie Américaine demande ses comptes. Elle contrôle alors le vote aux Nations Unies. Elle exige l'installation des bases militaires ou l'accès aux ressources précieuses (stratégiques). Et après tout ceci, le pays bénéficiaire doit toujours de l'argent et ainsi un autre pays est ajouté sur la liste de l'empire.
 La compréhension de la politique Internationale  Américaine depuis la fin de la 2è guerre mondiale s'inscrit dans cette logique à trois étapes 
Etape 1. D'abord on envoie les EHM ou assassins financiers. 
Etape 2. S'ils échouent, on envoie les "chacals"
Etape 3. Si les "chacals" échouent, on procède à l'invasion. 

Dans la plupart de nos pays dont par exemple la RDC, on a utilisé au départ la première étape. On vous force à adopter la politique d'ajustement structurel sous l'égide des institutions de Bretton Woods qui sont une partie intégrante de la corporatocratie.
La manipulation des données économiques est faite par ces « assassins financiers ».
« Les EHM, les chacals et les armées s'épanouissent aussi longtemps que l'on peut démontrer que leurs activités génèrent une croissance économique — et ils démontrent presque toujours une telle croissance. Grâce aux «sciences» biaisées de la prévision, de l'économétrie et des statistiques, si vous bombardez une ville puis la reconstruisez, les données montrent un pic de croissance économique considérable. » (page 216)
Aussi, Perkins affirme que la privatisation des sociétés publiques d’eau et d’électricité, même en Afrique, intervient dans ce cadre.

La deuxième étape est intervenue dans des pays comme l'Iran (1953) pour faire partir Mossadegh, en Equateur pour faire Roldos en 1981, au Panama pour éliminer Omar Torrijos toujours en 1981, en 2002 pour faire partir Hugo Chavez qui est parvenu à rentrer après 72 heures. Les leaders sont assassinés.

L'ultime étape consiste en l'invasion pure et simple : Panama en 1989 contre Noriega, Iraq en 2003 contre Saddam Hussein. 
Autant les EHM travaillent pour les sociétés comme MAIN, Bechtel, Halliburton, Brown & Root, Stone & Webster (SWEC) autant ils peuvent travailler pour le FMI, Banque Mondiale, USAID, etc... car ils ne sont pas directement des salariés du gouvernement Américain. 
En RDC on peut manquer les premières sociétés mais les agences citées dans le livre telles que FMI, Banque Mondiale, USAID sont activement présentes sur terrain. Leurs agents peuvent être ces assassins financiers.

Au regard de ce qui se passe présentement dans le monde Arabe, l'auteur parle de la relation entre Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Suite à la guerre de 6 jours de 1973 et la crise du pétrole de 1973 créée comme représailles de pays de l'OPEP contre le soutien unilatéral des USA pour Israël, une alliance était secrètement signée entre les USA et le plus grand producteur du pétrole. De cette alliance existe la bénédiction des Etats-Unis même lorsque la famille de Saoud finance les terroristes, les accords de défense, la modernisation du royaume depuis les années 1973. En contrepartie, une grande partie de la manne pétrolière arabe est placée aux Etats-Unis. Ainsi l'isolation diplomatique du Qatar est à comprendre mieux sous cette perspective. 

"Confessions of an Economic Hitman" est un livre à lire pour les stratèges Africains, les économistes Africains à qui on fait répéter les fausses théories de développement, les Ingénieurs Africains qui ne sont intéressés que par les projets en vue de l'emploi, par le peuple. 
Ce livre confirme ce qu'on a toujours dit: la démocratie, les droits de l'homme ne sont que la poudre aux yeux tout en démontrant comment les champions du vrai pouvoir du peuple ont été transformé en "héros morts"(Arbenz, Allende, Rodos,...) et pendant ce temps l'empire ne fait que grandir et les gens deviennent esclaves sans le savoir. Les générations comme nous autres avions payé les conséquences des prêts motivés par les EHM et comme telles il ne faut pas rester calmes face aux assauts de la corporatocratie.
Si vous voyez un chef d'Etat trainer au pouvoir dans un pays à ressources, sans être inquiété, c'est qu'il fait partie de l'empire.  Le contrôle des ressources (surtout des ressources stratégiques) est au centre de la corporatocratie et le scandale géologique a réellement ses assassins financiers.


Ecrit en Juin 2017, mis à jour en Novembre 2018

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