Le chiffre 15 au Congo Kinshasa


Je ne suis pas un numérologue ou un spécialiste en chiffres. J’essaie juste de comprendre certains phénomènes qui d’emblée semblent simples mais qui s’avèrent complexes par la suite. Un des ces phénomènes semble concerner le chiffre 15 au Congo Kinshasa. Qu’est ce que le chiffre 15 veut dire au Congo Kinshasa ?
Quand j’étais enfant, à part les cours d’Arithmétique où on additionnait pour atteindre 15 par exemple, il y avait ce fameux article 15
     

Selon cet article 15 , un conseil ou ordre nous était lancé : « Débrouillez-vous ». La débrouille devient la seule solution lorsqu’il n’y a pas de structure sociale d’organisation. Certains associent ce fameux article à Mobutu. D’autres encore l’associent à l’époque de la sécession du Sud-Kasai où Albert Kalonji aurait dit à ses sujets d’appliquer l’article 15, i.e chercher le diamant. Mais c’est quand vous apprenez qu’une chanson de 1958 parlait déjà de l’article 15 que vous vous rendez compte qu’il faudra creuser encore plus. 

Comme je n’ai pas encore de réponse, je vais me débrouiller de vérifier ce que ce chiffre peut bien signifier dans ce pays où la débrouille bat son plein. Après tout, personne ne peut dire clairement le nombre d’emploi qui ont été créés. On dirait nos politiciens se frottent les mains en se disant: l’Article 15 donne de l’emploi à tout le monde. 

Quand on avait 11 provinces, on pouvait peut-être le faire facilement. Pour le moment, nous avons 26 provinces. 
En 2015 Joseph Kabila se réveille de son prochain sommeil pour demander la création des 15 nouvelles provinces selon la constitution qui les prévoyait depuis 2006. 6 provinces sur les 11 devraient être cannibalisées pour rapprocher les dirigeants des dirigés. C’est curieux que cela fût intervenu au soir du dernier mandat de Rais. 
Pendant ses mandats on se rappellera d’ailleurs de son discours dans lequel l’ancien président Joseph Kabila avait dit étrangement  qu’il n’avait pas 15 personnes (de confiance et de qualité) autour de lui,  avec qui il pouvait changer ou transformer ce pays. Pourtant ils étaient nombreux à ne chanter qu’éloges et louanges devant celui qui était devenu « Kabila Désir ».
Peut-être que cela faisait partie de sa passion pour le Congo. Mais dans cette passion, il avait échoué sur un aspect.
Un de ces conseillers avait-il trouvé juste que de dire que la RD Congo perdait annuellement 15 milliards de dollars à cause de la corruption?  Dans sa conference de presse il disait que cela était un secret de Polichinelle. Mais en fait ce n’est pas seulement par la corruption mais surtout par les détournements des fonds publics. Pourquoi il n’y a jamais eu d’enquêtes approfondies et d’arrestations? 
Le Rais cherchait-il  la stabilité en refusant de fouiner? 
Evidemment que des kulunas en cravate se servaient au lieu de servir le pays. Mais cette fois-ci on n’en a vu aucun aller à Buluwo ou à Angenga. Le PGR n’a jamais accusé qui que ce soit. Jamais gros poisson ne fut jugé pendant ce temps.
Peut-être qu’il avait peur du chiffre 15. 
C’est aussi dans ce cadre qu’une affaire récente est venue troubler la quiétude des paisibles citoyens de l’article 15.  Une affaire de 15 millions de dollars de la décote pétrolière est venue déranger les croyants du changement miraculeux. Si pour 15 milliards de dollars on avait arrêté personne, pourquoi le faire pour un montant 1000 fois inférieur? Même la théorie Kabundienne de deux bonbons ne devrait pas trouver une application aussi rapidement. 
Bref le trésor public continuait (et continue) à subir les coups et blessures de la part de ceux-là même qui sont censés travailler pour l’Etat. 
Mais en théorie on dira le peuple d’abord. Mais sans arrêter ces pertes qui passent par toute sorte d’opérations dont les retro-commissions? 
Alors que la saga continue, les Etats-Unis ont voulu administrer une leçon à nos dirigeants véreux. 
L’USAID lance un nouveau projet de 15 millions  des dollars destiné à promouvoir la liberté de presse et la transparence du gouvernement en RD Congo. 
A cette phase en tant que souverainiste je ne pouvais pas imaginer qu’on accepte une humiliation supplémentaire. Le peuple Congolais subit le marteau de ses cleptomanes et l’enclume des impérialistes.
Et c’est apparemment la communauté internationale qui sanctionne toujours nos leaders véreux car le peuple semble dire « Voler est bon ». 
On se rappelle comment 15 personnalités autour de Joseph Kabila avaient été sanctionnées en 2018. Même le dauphin circonstanciel de 2018 faisait partie du lot. Quel désastre! 
L’Occident avait trouvé et frappé les 15 proches de Joseph Kabila qu’il disait n’avoir jamais trouvés. 
JK ne se rendait pas compte que cela tombait à 15eme année de la réunification de la RD Congo. Certains disent que le Rais cherchait un 3e mandat pour atteindre 15 ans de pouvoir en tant que président élu sans compter la période de glissement.
Les gens s’attendaient à ce que les choses changent plus vite après une année 2018 problématique, après les élections.  
Surtout lorsqu’il fallait former le nouveau gouvernement, l’opinion publique ne voulait plus des « 15 bandits de Kabila ». Mais n’est-ce pas surprenant que lors des négociations de la coalition, il avait été arrêté que l’UDPS était censé recevoir 15 postes. Et tous ceux qui ne faisaient pas partie des nominés n’avaient qu’aller se débrouiller, à retourner à l’article 15 politique où les gens changent les partis comme ils respirent. 
Sans moyens conséquents, à cause de la débrouille politicienne (article 15) et des détournements, comment appliquer la gratuité de l’enseignement de base, une des plus grande annonce du nouveau régime?
Si pour les frais de fonctionnements, tout le monde a encore des questions avec des situations de grève ci et là qu’en sera-t-il du niveau de salaires des enseignants? 
Nous sommes en 2019 ou l’an 15 de l’accord de Mbudi. Bref les questionnements continuent pour les intéressés de l’enseignement public. 
Pendant que tout le monde se pose des questions sur le financement de la gratuité, le president prend les avions tout le temps pour chercher les financements, semble-t-il. A Paris il vient de repondre que ses voyages ont apporté 1.5 milliards de dollars au pays. Ce montant represente 100 fois le montant disparu de la decote petroliere. Et pendant que les sceptiques doutent que cet argent soit deja dans le tresor public, la France vient de soutenir la gratuité avec 15 millions d'euros
En ce qui me concerne,  je reste sur ma faim, j’aimerais mieux répondre à notre question de départ: « qu’est-ce que le chiffre 15 veut dire au Congo-Kinshasa? 
En attendant je mettrai à relire Cité 15, ce roman de Djungu-Simba Charles. Nous semblons etre à Potopoto, cette capitale africaine en pleine convulsion; bref le milieu par excellence de l'article 15. 


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