Les inégalités croissantes: Tendance globale ou nationale?
Un des sujet qui pousse les économistes, philosophes, théologiens, politologues, géostratéges, etc à cogiter jusqu’en 2018 est l’inégalité socio-économique qui prévaut aujourd’hui. Cette inégalité semble augmenter année après année.
Thomas Piketty dans Capital au 21è siècle relie les inégalités aux revenus en prenant la société Americaine
“Revenons aux causes de la hausse des inégalités aux États-Unis. Elle s’explique pour une large part par la montée sans précédent de l’inégalité des salaires, et en particulier par l’émergence de rémunérations extrêmement élevées au sommet de la hiérarchie des salaires, notamment parmi les cadres dirigeants des grandes entreprises “
“ Des recherches récentes, fondées sur l’appariement des fichiers de déclarations de revenus et des fichiers de déclarations de salaires des sociétés, permettent de constater que la grande majorité des 0,1 % des revenus les plus élevés – entre 60 % et 70 %, suivant les définitions adoptées – correspond pendant les années 2000 à des cadres dirigeants. Par comparaison, les sportifs, acteurs, artistes – tous domaines confondus – représentent au total moins de 5 % des effectifs42. En ce sens, les nouvelles inégalités américaines correspondent bien plus à l’avènement des « super-cadres » qu’à une société de « superstars43 ». Eh oui les supercadres existent et non des super employés.
En France le même cas s’observe depuis les années 1982-1983 “
La hausse des inégalités françaises depuis les années 1980-1990
Comment qualifier la phase de hausse des inégalités françaises qui est en cours en France depuis 1982-1983 ? On pourrait être tenté d’y voir un microphénomène à l’échelle de la longue durée, une simple réplique aux mouvements précédents, en notant que la part des profits n’a finalement fait que retrouver autour de 1990 le niveau qui était le sien à la veille de Mai 196821. Ce serait cependant faire erreur d’en rester à ce constat, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, comme nous l’avons vu dans la deuxième partie de ce livre, le niveau de la part des profits en vigueur en 1966-1967 était historiquement élevé et résultait d’un processus de remontée historique de la part du capital entamée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Si l’on prend en compte les loyers (et non seulement les profits) dans les revenus du capital, ainsi qu’on doit le faire, alors on constate que cette remontée de la part du capital dans le revenu national s’est en réalité poursuivie dans les années 1990-2000.”
Foreign Affairs traitait cette question presqu’autrement. L’inégalité aux Etats-Unis est dûe aux guerres que les Etats-Unis combattent à l’étranger et a d’autres raisons dont la réduction des syndiqués.
« Nous savons comment nous sommes arrivés ici. Depuis la fin des années 1970, les États-Unis ont atteint des niveaux quasi-oligarchiques de concentration de la richesse, ce qui témoigne notamment de la mondialisation, de la diminution du nombre de syndiqués et des changements technologiques. Mais une explication est souvent absente de cette liste: le fait que les États-Unis sont un pays en guerre. »
Récemment l’economiste Paul Krugman répondait à cette question sur Quora.
Voici ce que le prix Nobel 2012 disait “La vérité est que, même si de nombreuses études sont consacrées à l’inégalité ces temps-ci, nous ne comprenons pas bien ce qui se passe. Les économistes insistaient autrefois sur la demande de travailleurs hautement qualifiés, mais cela n’explique pas pourquoi les revenus les plus élevés ont tellement augmenté.
À ce stade, une bonne hypothèse est que cela a beaucoup à voir avec le pouvoir, en particulier avec le déclin des syndicats, qui négociaient auparavant les salaires et limitaient également les salaires des dirigeants. Les pays qui ont encore des syndicats forts, comme le Danemark, ne voient pas une aussi grande augmentation de l'inégalité que nous avons »
Les syndicats sont devenus faibles si pas corrompus. Cela renfoncerait les inégalités sociales. Sous l’action de la corruption des syndicats, une autre considération pratique est possible.
Le pouvoir de négociation peut devenir ou est devenu le monopole des employeurs.
Piketty toujours confirme que “ plus généralement, dans la mesure où les employeurs disposent d’un pouvoir de négociation supérieur à celui des salariés, et où l’on s’écarte des conditions de concurrence « pure et parfaite » décrites dans les modèles théoriques les plus simples, il peut être justifié de restreindre le pouvoir des employeurs en instituant des règles strictes sur les salaires. Par exemple, si un petit groupe d’employeurs se trouve en situation de monopsone sur un marché du travail local, c’est-à-dire qu’ils sont quasiment les seuls à pouvoir offrir du travail (du fait notamment de la mobilité réduite de la main-d’œuvre locale), alors ils tenteront vraisemblablement d’exploiter au maximum leur avantage et de baisser les salaires autant que possible, éventuellement nettement au-dessous de la productivité marginale des salariés ». Pour ceux qui travaillent dans les entreprises privées compétitives, cette marginalisation est parfois ressentie dans le chef des employées à mobilité réduite. Ceci est notamment le cas dans nos pays Africains dont le Congo Kinshasa ou la mobilité professionnelle est réduite. Non seulement les employeurs publics sont limitées dans leur politique d’embauche à cause des politiques publiques mais les employeurs privés essaient de réduire le nombre de leurs employés au maximum. Etrangement dans un cas comme dans un autre, le besoin de service est ressenti. Les entreprises publiques et privées ont le marché pour leur croissance. Que faudrait-faire devant cette réduction des salaires et le retrait des emplois ?
Selon Piketty « dans ces conditions, imposer un salaire minimum peut être non seulement juste, mais également efficace, dans le sens où une augmentation du minimum légal peut rapprocher l’économie de l’équilibre concurrentiel et augmenter le niveau d’emploi. Ce modèle théorique à base de concurrence imparfaite constitue la justification la plus évidente pour l’existence d’un salaire minimum : il s’agit de faire en sorte qu’aucun employeur ne puisse exploiter son avantage concurrentiel au-delà d’une certaine limite.
Là encore, tout dépend évidemment du niveau du salaire minimum : cette limite ne peut pas être fixée dans l’absolu, indépendamment de l’état général des qualifications et de la productivité dans la société considérée. »
Le salaire minimum au Congo-Kinshasa est de combien encore ? Je ne sais plus….En terme de SMIG depuis le 1er Janvier 2018 le salaire est de 7050 FC, soient 5$ au taux officiel. Ailleurs il ne s’agit plus du SMIG mais du SMIC depuis longtemps (1970 en Fance). Mais le SMIG au Congo-Kin n’est pas respecté par l’Etat.
Que font les syndicats ? Les syndicats sont généralement faibles.
Au Congo-Kinshasa on peut penser à un tel scenario. On peut penser que plus un syndicat est puissant plus ses revendications sont prises en considérations par l’employeur.
Prenons juste une comparaison entre les enseignants du secondaire et les profs d’université.
Entre 2004 et 2018, les enseignants de l’EPSP ont toujours vu des promesses salariales rester les mêmes par rapport au barème salarial de Mbudi.
Le salaire minimum allait être de 208$ le mois. Il n’est toujours pas de 50$ en dessous du SMIG. Mais le cadre universitaire est encore plus éloquent.
Dans un article intéressant sur les inégalités salariales dans l’Enseignement supérieur et Universitaire, Mardochée Ngandu Mulotwa affirme ce qui suit :”A partir de 2008, la prime des enseignants s’est accrue de 269,57% en moyenne chez les professeurs en l’espace de 6ans. Les salaires ont également augmenté presque dans les mêmes proportions. Les succès de ces augmentations de prime pouvaient être attribués au régime politique ; à l’organisation des syndicats des enseignants et à l’augmentation des tensions et émeutes des enseignants. Les professeurs présentent un syndicat très puissant. Leurs revendications sont de plus en plus entendues. Les augmentations des salaires et primes sont ainsi attribuables à la pratique contestataire et non à un quelconque droit reconnu aux enseignants. Elles sont donc perçues comme faveurs. Toutefois, grâce à cette pratique contestataire, les professeurs peuvent maintenir les salaires élevés de façon régulière. Les assistants et chefs de travaux ne semblent pas présenter un syndicat puissant. Dans un Etat fragile, ils risquent de percevoir régulièrement des salaires trop bas. Ils restent aveuglés par l’atteinte du niveau d’études le plus élevé. “
Pour les observateurs, il semble avoir raison.
Lorsqu’on se rappelle les dernières émeutes à l’Université de Kinshasa où il y a eu meurtre de deux étudiants. L’Apukin est le syndicat professoral le plus puissant de la RDC. A la veille des examens et défense, l’APUKIN était allée en grève pour l’ajustement de leurs salaires et primes. Le gouvernement a fini par se plier à leur demande.
Encore faudra-t-il que cela profite aux assistants et chefs de travaux. Les inégalités dans l’ESU vont continuer tout comme dans la société congolaise.
Sachant que la contestation des gilets jaunes en France se base sur les inégalités salariales l’on comprend que seule la solidarité dans les contestations peut encore mieux combattre les inégalités. Et ce n’est pas en se ruant vers les positions de salut comme on voit au Congo-Kin avec la multiplication des candidats aux postes électifs que l’on progressera. Après tout, les politiciens méritent un camouflet pour manque de considération envers les peuples!
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