Kagame est-il un modèle de leadership pour la Jeunesse Africaine?
Jeudi 1er
Novembre 2018, l’Union Africaine a célébré avec tous les jeunes Africaine la journée
de la jeunesse Africaine. La journée s’inscrivait dans la lutte contre la
corruption.
Justement
comme on parle de l’Union Africaine, parlons de son président en exercice et
son pays le Rwanda.
Du 20 au
22 Juillet 2017 s'est tenue à Kigali la conférence Africa Youth Conneckt qui a réuni
plusieurs jeunes "leaders" venant du continent; Francine Muyumba,
leader de la jeunesse de l'Union Africaine en tête.
D'abord il
faut dire qu'Africa Youth Conneckt est une initiative de Paul Kagame qui a
réussi à convaincre l'UNCTAD et l'UNDP devenir sponsors de l'événement depuis
2016. Le thème de 2017 était "Du Potentiel au succès".
Organisée
depuis 2013, African Youth Conneckt a eu l'Innovation Award des Nations
Unies.
Kagame
est-il ce modèle de leadership de la jeunesse Africaine qui veut se frayer un
chemin dans le monde de demain?
D'abord il
faut dire que parler de Kagame nécessite de l'étudier dans toutes ses
dimensions.
On sait
qu'il a 2 ans lorsque lui et sa famille partent en exil en Ouganda. Pourquoi
partent-ils en exil?
Le
manifeste des Bahutu est rédigé en 1957 en reaction du manifeste des
Tutsi redigé auparavant. Les Hutu dénonçaient l'exploitation dont ils étaient
victimes. Pour les Hutu, les Tutsi jouissaient d'un monopole politique,
économique, social et d'un avantage racial.
La suite
est connue: En 1959, certains Tutsi sont chassés en exil comme le pouvoir est
remis entre les mains de la majorité Hutu. Il en sera ainsi jusqu'en 1994
lorsque Kagame et les siens vont prendre le pouvoir par les armes malgré les
accords d'Arusha signés le 4 Août 1993. Ici apparaît la premiere image de
Kagame: la conquête militaire est plus importante que le dialogue. Kagame est
d'abord militaire qui a combattu toute sa vie. Au moins depuis 1979, le RRWF,
devenu RANU en 1980 puis FPR en 1987.
Ce que les
USA d'abord appelèrent genocide est constitué par les tueries inter ethniques.
Mais la rhétorique du genocide finit par prévaloir par la force
médiatique.
Lorsque le
Tribunal Penal International pour le Rwanda fut institué, Kagame et les siens
ne furent meme pas questionnés. Carla Del Ponte a affirmé avoir eu des
injonctions sur les poursuites. Après son refus de suivre les injonctions (même
celles de Kagame), elle fut virée en Août 2003.
Dans son
livre-memoire " Confronting Humanity’s Worst Criminals and the Culture of
Impunity", Carla Del Ponte affirme que les Etats-Unis avaient initié un
projet pour couvrir les crimes de Kagame et du FPR durant le genocide et que
son bureau avait les evidences pour poursuivre Kagame. C'est alors que les
Etats-Unis s'étaient interposés.
Spécifiquement,
Carla répondît aux Americains qu'elle travaillait pour les Nations Unies et non
pour les Etats -Unis. Elle fut virée et remplacée par Hassan Abubacar Jallow,
un approuvé par les Etats-Unis. Hassan Abubcar Jallow est actuellement le chef
de cour supreme de Gambie. Pourquoi les Etats-Unis devraient couvrir les crimes
de Kagame de cette façon au point de faire virer la Procureur du TPIR?
Ou bien
que pouvait faire Kagame pour les Etats-Unis après tout ce service?
Sans
mentionner ici les nombreux crimes du Rwanda en RD Congo, je suis tombé sur le
livre de Joseph Sebarenzi en 2011. Dans ce livre, cet ancien president du
parlement Rwandais décrit Kagame comme un homme très violent après avoir
expérimenté pendant les années où Kagame fut vice-president. Sa violence était
même interne au FPR. Toute dissension fut écrasée. Sebarenzi vit aujourd'hui en
exil aux Etats-Unis. Pendant que je finissais ce livre, la guerre commençait en
Libye. Kagame est le seul chef d'Etat Africain à avoir soutenu les frappes de
l'OTAN sur la Libye. Specifiquement , voici ce que dit Kagame en 2011:
"Mon
pays est encore hanté par les souvenirs de la communauté internationale qui
détourne les yeux. Aucun pays ne connaît mieux que le mien le coût de la
communauté internationale n'ayant pas intervenu pour empêcher un État de tuer
ses propres personnes. Il est donc encourageant que les membres de la
communauté internationale aient appris les leçons de cet échec. ". Kagame
etait prêt à suivre les Etats-Unis partout meme contre l'Afrique. En 2003,
Kagame fut le seul chef d'Etat Africain à soutenir la campagne Américaine en
Iraq.
Ceci peut
se justifier par les lobbys juifs dont l'AIPAC dont Kagame bénéficie aux
Etats-Unis.
Il est
d'ailleurs le seul chef d'Etat Africain à avoir parlé à une conference de
l'AIPAC qui a 100 000 membres qui améliorent les relations
Etats-Unis-Israel.
Les
soutiens de Kagame c'est aussi auprès de ses pères: Bill Clinton, Tony Blair,
Howard Buffet, Jim Inhofe.
Kagame ne
s'etend plus avec son ancien ami l'evangeliste Rick Warren depuis Septembre
2016.
Voici ce
qui etait dit de ces relations :"Grâce au lobbying, aux relations
publiques et à l'accès aux médias, ces facilitateurs aident l'auto promotion du
président Kagame à l'étranger et l'empêchent de rendre compte des crimes qu'il
commet au Rwanda, en RDC et à l'étranger. Les plus puissants et les plus
puissants de tout le groupe sont Tony Blair, le président Bill Clinton et
l'évangéliste américain, Rick Warren. Ils vendent le président Paul Kagame
comme l'un des leaders les plus visionnaires au monde, ".
On dit que
Kagame a promu les femmes mais une femme opposante est emprisonnée au Rwanda
depuis.
La
propagande proKagame est immense.
Un article
de Daily Mail a découvert en Juillet 2017qu'au Rwanda:
1.Les
décès des mères et des nourrissons ont été délibérément «non enregistrés» pour
améliorer les statistiques sur la mortalité, en exagérant les améliorations
sanitaires;
2. La
Grande-Bretagne se vante que son aide a contribué à financer
l'utilisation quasi universelle des moustiquaires, mais la corruption et la
mauvaise gestion de cette aude des agents de santé ont entraîné une épidémie
massive de paludisme;
3.Les
experts affirment que les statistiques sur la pauvreté sont manipulées pour
montrer des améliorations quand elles s'aggravent, s'empirent;
3.Une
entreprise britannique s'est retirée pour aider à analyser une étude nationale
clé utilisée pour mesurer la pauvreté, à la suite des préoccupations concernant
la manipulation de données;
4.Les
partenaires multilatéraux ont confronté le Rwanda après avoir découvert que ses
données sur la santé ne «sont pas crédibles»;
5.Les
sources de la Banque mondiale disent qu'une famine causée par la sécheresse et
les politiques agricoles défaillantes sont couvertes par l'État.
Beaucoup
prouesses du Rwanda sont des pures fabrications médiatiques.
Sur les
performances médicales, Dr. Emmanuel Gasakure, proche et médecin personnel de
Kagame pendant 14 ans, fut assassiné pour avoir dénoncé la corruption
dans le secteur médical.
Vincent
DeGennaro, un médecin américain, a passé 18 mois à travailler au Rwanda avec un
organisme de bienfaisance et il a vu comment les décès néonatals et maternels sont
souvent non enregistrés.
Selon le
rapport de l'OMS de 2016, 4 millions de cas de malaria furent enregistrés au
Rwanda entre 2013 et 2015 pendant que le gouvernement affirme que la prevention
de la malaria couvre 95% de la population. En Novembre 2016, ce furent 700 000
cas de malaria. Et entre 2014 et 2015, les cas de malaria sont partis de 500
000 à 1 million.
Mais la
corruption ne manque jamais là où il y a l'aide. La ministre de la santé fut
virée en 2016 dans un scandale des mauvaises moustiquaires importées en
partenariat avec la fondation Clinton.
Même sur
les progrès miraculeux dont les medias parlent, il faut vraiment nuancer.
Comment un pays qui progresse peut avoir des inégalités si criantes?
Alors que
le Rwanda était connu comme un pays égalitaire, le coefficient de Gini est
passé de de 0.27 en 1985 à 0.54 en 2000, à 0.531 en 2011. (Source: UN
Human Development index 2011).
Cette
inégalité est aussi remarquable dans la redistribution des terres.
Mais qui
sont ces avantagés du système?
Selon le
rapport d'Oxfam de 2017 le revenu national brut des 10% les plus riches est 3,2
fois plus élevé que celui des 40% les plus pauvres. Le Rwanda est le pays le
plus inégalitaire de l'Afrique Orientale.
Les
progrès propagandistes du Rwanda violent les principes du développement selon
lesquels un changement durable ne peut s'observer qu'après une generation cad
une période de 30 ans.
Et ce
n'est pas parce qu'il part à Davos que les principes vont changer.
Kagame a
maintes fois participé au forum économique mondial à Davos mais le budget du
Rwanda est toujours à plus de 40% financé par l'aide au développement. De là on
peut se demander si le Rwanda se développera grace à l'aide? On sait que la
formule de l'aide n'a jamais marché. Il ne suffit pas de lire "Dead
Aid" by Dambisa Moyo pour comprendre la supercherie du miracle
Rwandais.
Dans son
livre de 2017, Poor Numbers, Morten Jerven a remis en question les chiffres de
statistiques de développement de plusieurs pays Africains comme les dividendes
politiques et financiers y relatifs sont considérables. Parmi les pays qui
illustrent ce fait, dans article de la Review of African Political Economy(
ROAPE) intitulé "Les statistiques versus les modes de vie : la
diminution de la pauvreté au Rwanda en question", An Ansoms, Esther Marijnen, Giuseppe Cioffo et Jude Murison pointent le Rwanda. Alors que
le National Institute of Statistics of Rwanda (NISR) affirmait en
Septembre 2015 que la pauvreté au Rwanda a baissé de 45% en 2010 à 39% en 2014,
la méthode cohérente prouve que la pauvreté a augmenté entre 5 et 7%.
An Ansom
et les autres chercheurs ont fait son étude en 2017 après que Filip Reyntjens
ait contesté les chiffres du NISR en Novembre 2015. Reyntjens prédisait une
augmentation de 6%. An Ansom a trouvé la marge de 5 à 7%.
Cette
étude et les nombreuses confirment l'aspect propagandiste du miracle
Rwandais.
Et tout
ceci pour faire présenter l'homme comme le visionnaire, le providentiel.
Même le
rapport « Rwanda in Brief » du Congressional Research Service de Février 2018 reconnait à la page 6 que « In
recent years some critics have questioned the reliability of Rwanda’s
development statistics ».
Ce qui
étonne est que les jeunes Africains à la recherche des leaderships de caniveau
vont dire tels "les singes qui imitent ou les perroquets qui
répètent" que Kagame est le modèle de la jeunesse Africaine. Et ils
étaient nombreux à l'African Youth Connekt à Kigali au mois de Juillet 2017.
Ceux qui
donnaient des bonnes notes viennent de se rétracter en Octobre 2018.
Le World
Economic Forum vient de suivre le chemin de la raison des vrais chiffres.
Le World
Economic Forum (Forum Economique Mondial) qui se réunit généralement à Davos
vient de revoir son classement entre 2017 et 2018. Le Rwanda est passé de la 58 e
place à la 108eme place. Auparavant le Rwanda battait l’Afrique du Sud et le
Kenya. Au fait entre 2016 et 2017, le Rwanda perdait encore 7 places. Etrangement
dans le rapport 2018, il est dit que le Rwanda occupait la 107eme place en 2017
mais quand vous consultez le rapport de 2017, le Rwanda pointe à la 58e place.
En
2018, l’indice de compétitivité de FEM se
base sur 12 critères qui sont :
1)
Institutions; 2) Infrastructures; 3) environnement macroéconomique ; 4) Santee
et enseignement primaire ; 5) Enseignement universitaire et formation; 6) Efficience
du marché des biens; 7) Efficience du marché de travail; 8) Développement du marché financier; 9) préparation
technologique ; 10) Dimension du marché ; 11) sophistication des affaires;
and 12) Innovation.
On peut se
demander comment un pays peut perdre 50 places en une année.
Les
conseils d'Amilcar Cabral sont encore vrais aujourd'hui: "Tell no lies,
claim no easy victories".
Les victoires
faciles n'ont pas de raison d'être pour la jeunesse Africaine consciente. Hier
Kagame a soutenu l'intervention militaire en Libye, qu'est devenue la Libye?
Ces jeunes panafricanistes
qui voient en Kagame leur leader et qui se plaignent de qu’est advenu a la
Libye ne savent pas ce qu’ils veulent. La corruption par la propagande médiatique
doit aussi être combattue !
Article d’Août
2017, mis à jour le 2 Novembre 2018
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