Interférence dans les élections : un jeu des grandes puissances ?
Depuis un certain
temps, la machine de propagande utilise l’argument de la démocratie pour
justifier les intérêts extrêmes de certains Etats. D’autres alibis peuvent être
utilisés : les droits de l’homme, l’ouverture au commerce, la
responsabilité de protéger, Terra Nullius, etc. Ces concepts taillés selon les
objectifs de quelques Etats ont été utilisés selon le contexte et les
époques.
Par exemple, dans "Diplomacy",
Henry Kissinger affirme qu’"A partir du moment de l'investiture de Reagan
, ils ( lui et ses conseillers) poursuivaient deux objectifs en même temps ...
( pour atteindre la suprématie sur l'URSS à l'égard de la géopolitique
influence et les armements stratégiques . )
Le véhicule idéologique pour cette inversion des rôles est la question de la droits de l’homme, que Reagan et ses conseillers ont utilisé pour tenter de saper le système soviétique ... Reagan et ses conseillers sont allés plus loin en traitant les droits humains comme un outil pour renverser le communisme et pour démocratiser l'Union soviétique ... ».
Le véhicule idéologique pour cette inversion des rôles est la question de la droits de l’homme, que Reagan et ses conseillers ont utilisé pour tenter de saper le système soviétique ... Reagan et ses conseillers sont allés plus loin en traitant les droits humains comme un outil pour renverser le communisme et pour démocratiser l'Union soviétique ... ».
Ceci suggère que la
propagande ne sert qu’a vendre le vent. Hélas, les Africains continuent à
croire au mensonge répété. On nous répète la définition de Abraham Lincoln pour
qui la démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple.
La réalité nous
démontre le contraire. Les Etats-Unis sont le pays qui ne respectent pas la
voix des peuples surtout lorsque celle-ci s’oppose aux grands intérêts Yankees.
Ce n’est pas moi
qui le dis. Déjà en 1974, Kissinger, parlant du Chili, affirmait au Newsweek "
Je ne vois pas pourquoi nous devons laisser un pays devenir communiste à cause
de l'irresponsabilité de son propre peuple ".
Récemment d’autres
voix l’ont affirmé plus clairement. Ce sont par exemple les Américains comme
Loch K. Johnson (expert en études sécuritaires) , Dov Levin, un spécialiste en
interférences électorales.
Il y a 2 ans, en
Septembre 2016, Dov Levin publiait après une recherche intéressante ou il
analysait les interventions des puissances mondiales entre 1946 et 2000.
L’Etude visait deux pays : Union Soviétique/Russie et les USA. Cet article
a sa raison d’être puis que nous sommes à une période où les médias et les
renseignements américains se plaignent publiquement de l’interférence Russe
dans les élections Américaines de Novembre 2016. Au fait cet article démontre
que les USA se plaignent de ce qu’ils ont toujours fait. Ils sont les champions
de l’interférence électorale qui vise en premier lieu à décider, influencer et
déterminer les résultats des élections.
Sur 117 élections entre
Janvier 1946 et Décembre 2000, les comptes sont comme suit : 81 fois (69%)
par les USA et 36 fois (31%) par la Russie/Union Soviétique.
Pendant cette
période il y a eu 937 élections/compétitions électorales au niveau national
dans les pays indépendants. Cela veut dire que 11.3% ou une élection sur 9 a
été l’objet des interférences électorales par les grandes puissances. Ces
interventions n’incluent pas les interventions militaires. Dans la même période
il y a eu aussi 53 interventions militaires avec au moins 500 militaires par
ces deux puissances.
Quel est le
continent qui a subi le plus de ces interférences électorales ? L’Asie
(26% des élections), puis l’Europe (19%), l’Amérique Latine (14.5%), Moyen Orient
(11.3%), l’Amérique du Nord (presque 10%), l’Afrique (3%).
Pendant que les USA
visaient plus l’Asie, la Russie visait plus l’Europe. Cela peut se comprendre
dans la mesure ou la Russie/l’Union Soviétique cherchait principalement a
sécuriser son entourage alors que les USA devraient aller en Asie d’où peuvent
venir les potentiels adversaires.
64% de ces interférences
étaient sous un aspect très couvert. Elles sont en général cachées du grand
public. Dans 111 élections des 117 élections étudiées, il y avait un candidat
qui cherchait à garder son siège. Dans 52.2% des cas c’est la personne au
pouvoir qui a été soutenue et dans 48% c’est un entrant qui eu le soutien.
Les pays Africains
cités sont la Somalie (1964 par les Etats-Unis), Maurice (1982-par les Etats-Unis)
et la RD Congo (1960-par l’Union Soviétique en faveur du MNC). Selon Dov, le
soutien de L’URSS pour le MNC était secret. Si les USA n’étaient pas impliqués
selon Dov, la Belgique et l’Eglise catholique s’étaient impliquées dans les
camps adverses.
Les cas les plus emblématiques
des interférences électorales sont Italie-1948 et Chili 1970. Les deux pays
étaient intervenus dans ces deux élections.
L’Italie a subi 12
interventions électorales (8 de la part des USA et 4 de l’URSS).
En Italie 1948, il
y avait beaucoup des choses. L’Eglise catholique et les Etats Unis soutenaient les
Chrétiens Démocrates alors les soviétiques soutenaient le Front Démocratique
Populaire. C’etaient leurs elections depuis Mussolini en 1922. Ces élections étaient
qualifiées de dilemme : « o con cristo o contro cristo»
(ndlr avec christ ou contre christ).
Parmi les méthodes
utilisées par les américains,
Effie
G. H. Pedaliu mentionne « la propagande
noire, l’ingérence dans la politique syndicale, les valises d'argent changeant
de mains dans certains des hôtels les plus élégants et les plus exclusifs de
Rome, les campagnes de lettres de la communauté italo-américaine, «trains
d'amitié» rouges, blancs et bleus distribués des États-Unis et Hollywood avec
Frank Sinatra et Gary Cooper jouent même leur rôle ».
Renforçant le camps
Américain, les Britanniques etaient intervenus dans la politique interne du
mouvement ouvrier italien tant au niveau politique que syndical.
Les Britanniques
avaient également pris des mesures pour manipuler les approvisionnements
alimentaires, effectué des visites navales dans les ports italiens, cherché des
solutions au problème démographique italien, proposé des ajustements à la
frontière franco-italienne, participé à la Déclaration tripartite sur l'avenir
de Trieste toutes les demandes occidentales d’extradition de présumés criminels
de guerre italiens. Enfin, ils avaient exploité la grande réputation de la BBC
parmi les Italiens pour communiquer des messages anti-communistes élaborés par
le Département de la recherche d'information du Foreign Office.
Le Vatican est
également entré directement en contact avec le clergé et indirectement par le
biais de ses organisations collatérales telles que Catholic Action. Ils se sont
lancés dans la «guerre des affiches», ils se sont même aventurés dans les
actualités et ont lancé le message «Dans le secret de l’isoloir, Dieu peut vous
voir, Staline ne peut pas».
Les Soviétiques étaient
aussi intervenus dans le camps inverse mais minimalement. Selon certains
analystes, Staline voulait une Europe Occidentale divisée pour l’intérêts de
l’URSS.
Dans le cas du Chili 1970, l’une des
composantes de l’intervention américaine semble même inclure la contrebande de
viande congelée au Chili afin de faire face à une grave pénurie qui s’était
développée au cours de la période préélectorale.
Pendant les élections
précédentes, les USA avaient tout fait pour qu’Allende ne gagne pas. Et par
mauvaise évaluation de la CIA, enfin Allende gagne les élections. De la
proclamation des résultats a la prestation des serments, la CIA planifia un
coup d’Etat.
Les USA vont
attendre encore 3 ans pour que le coup d’Etat réussisse. C’est Pinochet qui
viendra responsabiliser les électeurs Chiliens et les soumit à la dictature
reconnue pendant 17 ans.
Les Etats-Unis qui se
plaignent médiatiquement des Russes avaient aussi interféré dans les élections
Russes de 1996. Il s’agissait de la
réélection de Boris Eltsine. Clinton avait utilisé tous les moyens incluant
faire le lobby auprès du FMI pour prêter 10 milliards à Eltsine pendant la
période de campagne. Des fraudes massives étaient organisées dans des
régions comme Tchétchénie en faveur de Eltsine.
La CIA , aux dires de Wayne Masden, ne s'est
jamais mêlée d'élections étrangères dans le but d'étendre les traditions
démocratiques à d'autres nations. L'objectif principal était de priver les
électeurs et les partis politiques de gauche et des progressistes, d'assurer le
vernis de la « démocratie » dans les pays totalitaires et de protéger les
intérêts des bases militaires américaines et des multinationales américaines.
Au Canada, par
exemple, la CIA avait donné le cash à l’Association des Etudiants Canadiens en
1965 et 1966 pour la défaite électorale de John Diefenbaker.
La Russie est-elle
le pays qui a le plus interféré dans les élections Américaines ? Non,
répondent beaucoup d’analystes qui pointent Israël. Robert Parry a écrit pas
mal des livres là-dessus. Les informés savent comment Carter avait perdu la
réélection a cause des otages Américains en Iran. Israël aurait fait un deal
avec l’Iran pour que l’Iran garde les otages jusqu’à la fin des élections
en échange des armes. Israël et Iran étaient supposés être des ennemis ! En
cette même année (1980), Israël obtint des documents très secrets Américains
par Jonathan Pollard. Quel candidat peut passer président aux USA sans aller
faire allégeance à l’AIPC , le lobby juif des USA?
Qui peut pointer
Israël comme on pointe la Russie comme ayant interféré dans les élections
Américaines ? Celui-là doit s’attendre au sort qu’avait subi Paul Findley.
Dans tout ceci on
peut se demander si le peuple est respectée. Surtout quand l’on sait la machine
de propagande qui est montée contre le citoyen Lambda. Apres tout, comme dit
Noam Chomsky, la propagande est à la démocratie ce que la violence est à un Etat
totalitaire. La raison est que le véritable pouvoir, celui que
procure la richesse de la nation, doit demeurer entre les mains des êtres les
plus capables, selon James Madison qui n’avait pas honte de dire que « la première
et principale responsabilité du gouvernement est de maintenir la minorité fortunée
à l’abri de la majorité ». C’est pourquoi les pragmatiques
chantent la démocratie puis interfèrent dans les « élections démocratiques »
selon leurs desiderata. Malheur aux vaincus, les théoriciens !
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