Bataille démographique contre l’Afrique

11 Juillet 2018 Journée mondiale de la population

Pourquoi l’Occident investit trop dans le contrôle demographique de l’Afrique? 

Le president Américain Johnson disait que "moins de 5 dollars investis dans le contrôle de la démographie valent 100 dollars investis dans la croissance économique". 

Macron et les siens ont repris le refrain hier au sommet de G20 de Hamburg, aujourd’hui lors de sa visite au Nigeria. 

Entre temps, Les ODD entrent dans la même philosophie. 

Localement, les autres relais Africains de la même philosophie prêchent le même évangile. 

Prenez le metro à Shanghai ou à Beijing à 17:00 et vous comprendrez que l’Afrique est victime d’une propagande « « savamment » conçue.

Le texte ci-dessous a été publié en Juillet 2017 et reste dans le contexte apres les declarations de Macron au lendemain de sa visite au Nigeria en Juillet 2018.

La bataille démographique contre l’Afrique

En écoutant Macron dire que le problème de l'Afrique est la surpopulation(7 à 8 enfants par femme), je ne suis pas surpris par cette rhétorique à la Goebbels. L'Afrique doit toujours être dépeuplée, telle est la motivation des penseurs Occidentaux qui veulent toujours que l'Afrique soit en retard

1. Dans son livre phare "Capital au XXIè siecle", l'economiste français Thomas Piketty discute d'un scenario qui semble contredire Macron. Il affirme dans un sous chapitre intitulé"Distribution mondiale de la production" que dans les conditions normales, il doit y avoir une correlation entre quantité de la population et niveau de production. Il y a eu une phase de divergence entre 1860 et 1950 à cause de la révolution Industrielle en Europe et les effets connexes en Amerique. Durant cette phase les deux parties du monde ont eu leur part mondiale de production et meme de richesse dépasser leur part mondiale de population. Mais un phenomene de rattrapage s'observe depuis 1950. Le niveau de l'Europe et de l'Amerique baisse au profit essentiellement de l'Asie. Le PNB per capita de l'Afrique-Asie est partie de 37% de la moyenne mondiale en 1950 pour atteindre 61% en 2012. S'il n'y a pas changement la convergence se fera de sorte que la part de la production et de la richesse puisse correpondre au niveau de la population. Et que se passera-t-il si la part de la population Africaine ne fait que croitre? L'Europe et l'Amérique seront vraiment derriere et en production et en richesse. 

2. Selon le document "L'Afrique est notre avenir" du Sénat Français élaboré en 2013, il est clairement établi que l'emergence de l'Afrique se passera aussi par sa population si elle bénéficie du dividende démographique. Macron doit avoir surement lu ce document. Ce rapport faisait une étude sur la population du continent en 2050: 2.9 milliards d'Africains. 

 Spécifiquement, ce rapport affirme ceci:" l’Afrique va devenir le plus grand réservoir de main d’œuvre et de consommateurs du monde ; avec une telle population, même relativement pauvre, l’Afrique va devenir un des plus grands marchés du monde." Sous cet angle, les Français cherchaient à bénéficier de ce qu'ils voient comme marché et reservoir. Mais si ces 2.9 milliards d'Africains produisent et avec des bonnes strategies, l'Afrique va dépasser l'Europe et même l'Amérique. Mais le rapport parle aussi de la dynamique des populations en ces termes: "Dans l’histoire, cela n’a pas toujours été ainsi. De 1500 à 1900, alors que la population européenne était multipliée par 5, la population africaine avait quant à elle diminué, notamment en raison du commerce triangulaire. Pendant ces quatre siècles, la part de l’Afrique dans la population mondiale est passée de 17 % à 7 % avec une des plus faibles densités au km2 de la planète, 15 fois moindre que l’Europe ». Pendant 4 siècles la population Africaine avait perdu sa part initiale dans la population globale. Mais les Français ne voient pas que le bon coté de grande population Africaine en 2050. En donneurs des leçons comme Macron d'ailleurs ils s'insurgent contre une Afrique "trop" peuplée.

Le rapport cependant cite Jean-Pierre Guengant, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) qui affirme que « le maintien d’une forte croissance démographique en Afrique subsaharienne pendant encore plusieurs décennies n’est pas soutenable et compromet leur ambition légitime de devenir à leur tour des pays émergents ». 

A ce stade une question simple peut être posée par les observateurs simples : Depuis quand la France facilite-t-elle l’émergence de l’Afrique ? Au contraire, c’est la façon dont cette population travaillera pour atteindre la vraie émergence qui doit nous intéresser. Mais les nations qui émergeront ne seront pas celles qui utilisent une monnaie coloniale comme le Franc CFA ou qui payent la taxe coloniale jusqu’en plein XXI eme siècle. 

Le rapport affirme ainsi que « les politiques publiques doivent réduire le rythme de la

croissance démographique en favorisant une baisse de la fécondité. » et soutient même que « pour l’ensemble des bailleurs de fonds qui interviennent aux côtés des

Etats africains dans ces domaines, derrière les problématiques de santé et de droit

des femmes, il y a cet objectif de maîtrise de la démographie. Une partie de la maîtrise de la fécondité se joue en effet dans les

inégalités de rapport entre les hommes et les femmes. Il est emblématique que la

préservation des droits des femmes ait été au coeur des débats des Etats membres". La rhétorique de l'Occident sur la santé de reproduction, sur les droits de la femme, sur le genre doit se comprendre dans ce cadre.

Et pour la France, la croissance démographique en Afrique est due à un taux de fécondité élevé. 

Ainsi elle affirme qu'"une diminution de la fécondité est une condition préalable à la

possibilité pour l’Afrique de bénéficier du « dividende démographique.". Et parmi les solutions, le rapport propose qu'il y ait " des incitations pour encourager des familles moins nombreuses.". Est-ce different de ce que Macron affirme?

3. Lors d'une conference sur la surpopulation en Afrique tenue à Paris en 2015,voici ce que dit le president de l'Institut de Géopolitique des Populations (la video est sur Youtube):"Je crains que l'explosion démographique de l'Afrique ne se traduise pas par un débordement humain, c'est-à-dire les courants migratoires écrasants qui vont (je serai brutal) tuer la civilisation européenne. Parce qu'avoir 2 ou 3% d'Africains en Europe c'est parfait. En avoir 30% c'est la mort sans phrase......Le problème n'est pas dans 3000 ans. Il est dans 3 ou 4 décennies....Ce sont des réponses Occidentales aux problèmes Africains. Puis que les Africains n'ont pas été capables d'inventer la réponse eux-même et bien il faut bien que quelqu'un le fasse et c'est nous". 

Ceci n'est pas en désaccord avec la stratégie Américaine. Aux Etats-Unis jusque dans les années 60, le contrôle démographique était soutenu par les organisations privées comme le Population Council and Planned Parenthood, les fondations Rockfeller, Ford, Milbank. Mais vers 1965, la donne a changé. Le Congrès Américain , inspiré par les idéologues de la surpopulation( tirant leurs hypothèses de Malthus) a disposé des fonds pour des programmes de contrôle de la démographie. Et cela pas seulement aux Etats-Unis mais

Surtout dans les pays du Tiers monde. Un économiste de Rand Corporation est parvenu à livrer au president Lyndon Johnson des données pour prouver que "les enfants du Tiers Monde ont une valeur économique négative". Deux mois après, le president Johnson dira devant les Nations Unies que "5 dollars investis dans le contrôle de la démographie valent 100 dollars investis dans la croissance économique". C'est encore sous Johnson que l'USAID a reçu le mandat d'intervenir dans le contrôle de la démographie dans d'autres pays. Avec la Foreign Assistance Act de 1966 l'aide Américaine devait être conditionnée par la volonté des gouvernements du Tiers Monde à coopérer sur le terrain de la démographie. 

 Pour ceux qui coopèrent, la carotte était promise. Pour les opposants, le bâton les attendait. Et le bureau de la population au sein de l'USAID qui coordonnait toutes ses stratégies était dirigé par un certain Dr. Reimert Thorolf Ravenholt. Avec ce dernier, le contrôle de la démographie atteint un budget de milliards de dollars. 

Et comme si cela ne suffisait pas, la Banque mondiale a suivi la politique Americaine. 

En 1968, Robert MacNamara, fervent croyant du contrôle démographique, démissionne de son poste du secretaire à la défense pour diriger la Banque Mondiale. Les prêts aux pays du Tiers Monde devinrent conditionnés par l'acceptation de cette politique du contrôle démographique. 

Plus tard Nixon, qui pensait que la population était une arme redoutable dans la guerre froide, fera rédiger par Kissinger un rapport ( avec la contribution de l'USAID) intitulé"Implications de la croissance de la population Mondiale sur la sécurité et les intérêts des Etats-Unis". Ce rapport ( de plus d'une centaine de pages) declassifié en 1989 considérait, aux dires d'un analyste, "les masses des nouveaux nés du monde comme des ennemis probables de l'Amérique, plutôt que de ses amis , et comme des obstacles potentiels à l'exploitation de la richesse du monde , plutôt que de les considérer comme des clients et des travailleurs et des partenaires d'affaires qui participent conjointement avec l'Amérique dans un effort d'équipe pour se développer et faire progresser l'économie mondiale". Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la population des Etats Unis a été multipliée par 100 dans les trois derniers siècles. 

Conclusion

Les stratèges Africains ne doivent pas être distraits par ce que Macron dit. Ils doivent continuer à proposer les solutions salutaires pour ce continent. Les prédateurs sont à pieds d'oeuvre pour imposer leurs mauvaises manières. 

Ce qui me choque est qu'il y a beaucoup d'Africains sous couvert d'ONGs pro Occident qui travaillent pour réduire la population de l'Afrique. Ces ONG addressent le faux problème. En Afrique, il faut les defier, on ne peut pas être affamé sans guerre. Ces ONG affirment que les Africains sont corrompus. Ces ONG disent qu'ils réduisent la pauvreté. Ces ONG racontent beaucoup des choses mais comme dans le cas de Macron il ne s'agit que des mensonges, des propagandes à la Goebbels. A force de suivre ces mensonges, beaucoup d'Africains ont commencé à croire. Mais comment y croire lorsqu'on peut encore voir les faits et analyser pour l'intérêt de ce continent?